Le Luxembourg est souvent perçu aujourd’hui comme un État profondément européen et attaché à la coopération internationale. Mais cette orientation résulte d’une histoire marquée par des épreuves douloureuses. Avant 1940, le Grand-Duché suivait une politique de neutralité, inspirée par son statut de petit État situé entre de grandes puissances. Cette neutralité, respectée pendant la Première Guerre mondiale, n’a pas suffi à protéger le pays lors de la Seconde Guerre mondiale. Comprendre cet épisode est essentiel pour saisir pourquoi le Luxembourg s’est tourné vers une intégration européenne et internationale après 1945.


La neutralité comme choix historique

Depuis le Congrès de Londres en 1867, le Luxembourg avait adopté une politique de neutralité permanente. Cette décision faisait suite à des tensions entre la France et la Prusse concernant le statut du Grand-Duché. Pour préserver son indépendance, le pays s’engagea à ne pas participer à des conflits militaires.

La neutralité fut respectée pendant la Première Guerre mondiale, même si le pays fut occupé par l’Allemagne dès 1914. Le Luxembourg espérait que cette position continuerait à garantir sa sécurité dans l’avenir.


L’invasion allemande de 1940

Le 10 mai 1940, la Wehrmacht allemande lance son offensive contre la France et les Pays-Bas. Malgré sa neutralité, le Luxembourg est envahi en quelques heures. L’armée luxembourgeoise, composée de quelques centaines d’hommes seulement, ne pouvait opposer aucune résistance.

Le gouvernement et la Grande-Duchesse Charlotte prennent alors une décision cruciale: fuir à l’étranger pour continuer la lutte diplomatique. Tandis que le pays subit l’occupation, la famille grand-ducale et le gouvernement se réfugient d’abord en France, puis au Portugal, au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis.


L’occupation et l’annexion

Sous l’occupation nazie, le Luxembourg vit une période extrêmement difficile. L’Allemagne cherche à annexer le pays et à effacer son identité nationale:

La langue allemande est imposée dans l’administration et l’école.

Les partis politiques et les syndicats sont interdits.

Les jeunes Luxembourgeois sont enrôlés de force dans la Wehrmacht.

Les opposants et les résistants subissent la répression, la prison ou la déportation.

Malgré cela, une résistance intérieure se développe. Elle reste modeste mais symboliquement importante, affirmant la volonté de défendre l’identité luxembourgeoise.


Le rôle de la Grande-Duchesse Charlotte

Pendant la guerre, la Grande-Duchesse Charlotte devient une figure de résistance et d’unité nationale. Depuis l’exil, elle s’adresse régulièrement à la population par la radio BBC, encourageant les Luxembourgeois à tenir bon et à garder espoir.

Sa popularité sort renforcée de la guerre. Son image de chef d’État déterminée, refusant toute collaboration avec l’occupant, contribue à consolider la monarchie et la cohésion nationale après 1945.


La libération et les conséquences

Le Luxembourg est libéré en septembre 1944 par les forces alliées. Mais le pays subit encore la violence de la guerre lors de la bataille des Ardennes en hiver 1944-45. La population, marquée par les années d’occupation et de privations, aspire à une paix durable.

L’expérience de l’invasion et de l’annexion forcée démontre que la neutralité, seule, ne protège pas un petit État situé au milieu de grandes puissances. Cette leçon va orienter durablement la politique étrangère du Luxembourg.


Du traumatisme à l’engagement européen

Après 1945, le Luxembourg renonce à sa neutralité permanente. Il devient membre fondateur de l’ONU en 1945, de l’OTAN en 1949 et de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951.

Le pays comprend que sa sécurité et sa prospérité ne peuvent être garanties qu’au sein d’alliances internationales fortes. La mémoire de l’occupation explique ainsi pourquoi le Luxembourg est aujourd’hui l’un des États les plus engagés dans la construction européenne.


La Seconde Guerre mondiale a marqué un tournant décisif dans l’histoire luxembourgeoise. La neutralité, censée protéger le pays, n’a pas empêché l’invasion, l’occupation et les tentatives d’annexion. Mais la résistance intérieure, l’exil du gouvernement et le rôle courageux de la Grande-Duchesse Charlotte ont forgé un esprit d’unité nationale.

Depuis lors, le Luxembourg a choisi une voie différente: celle de la coopération internationale et de l’intégration européenne. Comprendre cet épisode est essentiel pour saisir la politique étrangère et l’identité moderne du Grand-Duché.


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