La Seconde Guerre mondiale a entraîné une réorientation de la politique étrangère du Luxembourg. En participant à l’effort de guerre aux côtés des Alliés, le Luxembourg a abandonné son statut de neutralité et assuré sa place au sein de la communauté internationale formée après 1945. Le Grand-Duché était membre fondateur de toutes les institutions de coopération multilatérale de l’après-guerre:
- Organisation des Nations Unies, le Benelux;
- Organisation Européenne de coopération économique (OECE) – qui est devenue l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) en 1961;
- Pacte de Bruxelles;
- Conseil de l’Europe;
- Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
Ouverture et intégration européenne de Luxembourg
Cependant, l’ouverture décisive du pays a eu lieu dans le cadre de l’unification européenne. Ce n’est probablement pas un hasard si l’initiative historique d’unir les Européens est venue de Robert Schuman, un ministre français des Affaires étrangères né au Luxembourg d’un père français et d’une mère luxembourgeoise. L’éducation qu’il a reçue dans les deux cultures lui a fourni les bases de la grande tâche de la réconciliation franco-allemande. Lorsque Schuman lança son plan de création d’une Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) en 1950, le Luxembourg était directement impliqué. Doté d’une grande habileté, ses diplomates ont réussi à obtenir le siège provisoire de la Haute Autorité de la CECA à Luxembourg-Ville en 1952. La création de la CECA a placé la principale ressource du Grand-Duché, à savoir son industrie sidérurgique, sous le contrôle d’une autorité supranationale. Cela représentait un risque, mais aussi une opportunité pour le Luxembourg, puisque son potentiel de production d’acier en faisait un membre à part entière des instances communautaires.
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En 1957, aux côtés de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique et des Pays-Bas, le Luxembourg est signataire des traités de Rome, qui fondent la Communauté Économique Européenne (CEE) et réglementent l’utilisation de l’énergie nucléaire (Euratom). Au cours des négociations, le gouvernement a réussi à faire accepter le principe d’équité en droit de tous les États, même les plus petits d’entre eux, et à obtenir une représentation directe dans les institutions européennes (Commission européenne, Conseil des ministres, etc.). Le traité de 1965 fusionnant les organes exécutifs des différentes Communautés a consolidé la position de la Ville de Luxembourg comme l’une des trois capitales de l’Europe, aux côtés de Bruxelles et de Strasbourg. La capitale du Grand-Duché accueille d’importantes institutions communautaires: le Secrétariat du Parlement européen, la Cour de justice, la Banque européenne d’investissement, divers services de la Commission européenne, la Cour des comptes européenne, l’Office des publications, etc. En accueillant ces institutions, le gouvernement luxembourgeois a créé un quartier européen sur le plateau du Kirchberg.
Malgré que Luxembourg soit une ville de petite taille, le Grand-Duché a pu jouer un rôle actif dans la construction européenne. Le Premier ministre Pierre Werner (1913-2002) figure au premier rang des inspirateurs de l’Union économique et monétaire à l’origine de l’euro. Nommé à la tête d’un groupe d’experts, il a présenté un projet d’union monétaire (plan Werner) à la Commission européenne dès 1970. L’Accord de Schengen, abolissant les contrôles aux frontières, porte le nom du village luxembourgeois dans lequel les premiers accords ont été signés en 1985. Deux hommes d’État luxembourgeois, Gaston Thorn et Jacques Santer, ont présidé la Commission européenne, respectivement de 1981 à 1985 et de 1995 à 1999; un troisième Luxembourgeois, JeanClaude Juncker, occupe le même poste depuis 2014. De Joseph Bech (1887-1975) à Xavier Bettel (né en 1973), les politiciens luxembourgeois ont excellé dans le rôle d’intermédiaire dans les négociations européennes. Le résultat du référendum de 2005 sur la Constitution européenne (56,52% des voix pour) a révélé que la majorité des Luxembourgeois continuent de soutenir un approfondissement de l’unité européenne.
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